Une affaire de grammaire (Partie 2)


Ma formation avec Suzanne-G. Chartrand, didactienne du français

J'ai aujourd'hui vécu ma deuxième journée de formation avec Suzanne-G. Chartrand, experte en grammaire rénovée de la langue française. La formation de deux jours a commencé hier et j'en ai discuté dans le message suivantAujourd'hui je discuterai de certains concepts d'enseignement et ensuite vous présenterai des ressources que Mme Chartrand a recommandées tout au long de la journée.


Grille de compilation : On peut remettre à l'élève une grille de compilation sur laquelle il compile le nombre d'erreurs grammaticales ou orthographiques qu'il a fait dans son texte. Cette grille est rattachée à un code de correction. L'élève peut observer sa progression tout au long de l'année grâce à cette grille. 

Constats :
  • C'est un bon outil.
  • Il est complexe et, si je décide de l'utiliser, je devrai l'adapter au niveau de la langue de mes élèves et me limiter aux concepts grammaticaux qu'ils connaissent.
  • Le code de correction me donne l'impression que ma correction de texte serait encore plus longue et ardue.

Phrase dictée du jour : J'utilise cette stratégie d'enseignement depuis quelques années, mais peu fréquemment, faute de temps et non parce qu'elle ne fonctionne pas. Dans ce genre de dictée, on discute et on justifie l'orthographe et la grammaire des mots de la dictée. L'élève doit pouvoir verbaliser son raisonnement jusqu'au bout. Je veux en faire plus fréquemment dans les années scolaires à venir (pour enseigner les concepts).

Constats:
  • C'est un bon moyen d'enseigner la grammaire dans un contexte plus réel.
  • C'est interactif et les élèves peuvent même aller jusqu'à travailler en équipes.
  • Il y a plusieurs variantes.
  • Le CFORP a mis sur le marché un CD-Rom, La dictée interactive (dispo. en 7e-8e seulement), qui de prête bien à ce genre d'activité. Mes élèves faibles l'apprécient.

Conjugaison : Conjuguer des verbes par coeur et remplir un tableau de conjugaison n'est pas en soi un moyen efficace d'aider l'élève. Selon Mme Chartrand, apprendre les verbes irréguliers par coeur comme  avoir, être, aller, etc., devrait être fait en 4e année. L'important en conjugaison est de faire constater à l'élève la correspondance entre les temps simples et les temps composés. Selon elle, la terminologie associée aux modes et temps de verbes n'a aucun sens pour l'élève. P. ex. le passé composé devrait plutôt s'appeler "le présent passé", et le plus-que-parfait "l'imparfait composé".

Constats:
  • Certains de mes élèves m'arrivent de classes où la conjugaison de verbes est placée au premier plan. Par contre, leur habileté à accorder le verbe avec le sujet dans leurs textes n'est pas acquise. Ils sont au même niveaux que les autres.
  • Je devrai me concentrer sur l'observation des régularités (p. ex. les terminaisons des groupes de verbes) et des correspondances entre les temps si je veux que mon élève en tire un apprentissage plus profond.

DDA : La démarche dynamique de l'apprentissage est un moyen actif d'enseigner la grammaire au lieu que l'enseignant transmette toute la matière. On observe et on manipule. L'élève utilise des textes dans lesquelles il observe une notion grammaticale. Il doit trouver une régularité et formuler une hypothèse. Ensuite, il vérifie l'hypothèse afin d'en venir à la règle. Vient ensuite la phase d'exercisation et ensuite le réinvestissement. Elle est expliquée dans un document du CFORP, Si on parlait grammaire nouvelle (aussi dispo. pour le secondaire).

Constats:
  • Les exercices grammaticaux sont encore bons, mais représente qu'une petite partie de l'apprentissage. Leur but est de permettre à l'élève de pratiquer un petit morceau d'un concept jusqu'à ce qu'il soit acquis. Il n'est pas un enseignement par lui-même. L'élève doit d'abord avoir fait l'observation de la règle, et par la suite, il doit y avoir un réinvestissement dans les écrits.
  • On doit expliquer la notion grammaticale jusqu'au bout lorsqu'on analyse une phrase. Notre raisonnement doit tout prouver.
  • On veut apporter l'élève à comprendre l'erreur dans son texte et ensuite pouvoir expliquer sa correction.
Petite note à part : J'ai constaté que ma connaissance de l'utilisation des pronoms relatifs "que" et "dont" était relativement petite. Vive la déstabilisation encore une fois! Pour me défendre, je n'ai pas à enseigner des concepts de la sorte à l'élémentaire. Ceci m'a donné le goût de me replonger dans les concepts grammaticaux plus complexes (que je n'enseigne pas au quotidien). Peut-être entre chaque changement de couches lors de mon congé de maternité l'an prochain?

La progression de l'enseignement de la grammaire : Notre formation nous a permis de constater que plusieurs concepts grammaticaux sont en jeu lorsque nous voulons en enseigner un autre. P. ex. je constate que mes élèves de 8e année ne maîtrisent pas assez les classes de mots et les groupes de mots pour réellement saisir les fonctions syntaxiques et les systèmes d'accords. Selon Mme Chartrand, il faut prendre le temps nécessaire pour nous assurer que nos élèves ont acquis un concept avant de passer au prochain. Elle aime bien notre continuum d'enseignement en Ontario puisqu'on mise sur moins de concepts à la fois.

Constats:
  • Nous devons, comme écoles, examiner le nouveau continuum grammatical qui a été tout récemment publié par le Ministère de l'éducation de l'Ontario afin de mieux aligner nos pratiques en grammaire. Ceci évitera la répétition d'une année à l'autre. 
  • Document : Le continuum des programmes-cadres de français, de la 6e à la 10 année
  • Nos élèves qui arrivent en 7e année ne sont peut-être pas prêts à attaquer les concepts assignés à ce niveau. Il nous reste à voir si le continuum reflète notre réalité. Une chose est certaines, il est nécessaire de continuer à offrir des formations en grammaire rénovée à l'ensemble des enseignants, de l'élémentaire au secondaire.

Grammaire du texte : J'ai constaté que ce sujet est tout nouveau pour moi. Il mise beaucoup sur la cohérence. J'ai remarqué que mon enseignement s'insère un peu là dedans, mais que je veux approfondir mes connaissances à l'aide des diverses publications de Mme Chartrand.


Ressources :

Bref, l'enseignement de la grammaire n'est pas une mince affaire. Nous devons démontrer une ouverture vers le nouveau et laisser derrière certaines anciennes pratiques (pas toutes) qui n'ont pas fait leurs preuves. Si toutes nos démarches étaient efficaces, nous n'aurions pas à renseigner l'accord de l'adjectif à chaque année. L'important est de prendre ça une petite bouchée à la fois afin de ne pas s'étouffer. C'est en s'entraidant et en partageant nos stratégies et nos ressources que nous y arriverons. La grammaire rénovée n'est pas nouvelle elle est en constante évolution depuis toujours... et pour toujours.

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