Se sentir appréciée par ses élèves


Je me suis levée samedi matin avec une douleur dans la hanche. Je suis allée travailler lundi avec de grands problèmes de mobilité. Les élèves me donnaient des regards étranges dans le corridor et j'ai dû prendre l'ascenseur pour évacuer l'école lors d'une pratique de feu (pas du tout recommandé). Mais c'était quand même une surprise d'entendre mon médecin me dire lundi soir que je devais dorénavant me reposer et ce, jusqu'à mon accouchement.



Cette enseignante
me ressemble
étrangement
Quoi? Bien que je souhaitais avoir une semaine ou deux pour me reposer avant l'arrivée de mon premier enfant, je n'étais pas prête à entendre que je devais laisser mes élèves 5 semaines plus tôt que prévu. Puis-je vraiment quitter...

avant la période de récompense?
avant le test de lecture?
avant l'enquête que j'ai organisée pour mon équipe de collaboration?
avant que j'aie terminé de corriger le test d'histoire?

Eh oui, mon corps a parlé. Me voilà donc en repos forcé.

J'ai donc dû dire au revoir à mes élèves mardi. L'expérience a été émouvante (ajoutons à ça le cocktail hormonal de la grossesse). Comme enseignants, nous sommes habitués à vivre notre emploi en cycle : de la rentrée à la dernière journée d'école. Partir avant la fin du cycle est très étrange.

Lors d'un cours avec mes élèves de classe titulaire, ils m'ont donné le défi de dire une chose positive de chaque élève de la classe, ce que j'ai réussi. Ensuite, ils m'ont dit qu'ils voulaient eux aussi dire des choses positives à mon sujet. J'étais un peu retissante. J'enseigne, après tout, en 8e année. Ce qui a suivi m' ému profondément.

"tu n'enseignes pas pour ta paie, mais parce que tu aimes ça"
"tu enseignes la grammaire parce que tu veux qu'on écrive mieux, pas juste parce que tu es obligée"
"tu défends ta langue et ça m'inspire à parler plus souvent français"
"tu prends beaucoup de temps pour nous aider"
"tu es très organisée et ça m'a permis de m'améliorer en français"
"tu nous prépares bien pour les évaluations"

...et la liste continue. Je ne savais plus quoi dire. Je retenais les larmes. Je ne réalisais pas à quel point ils m'appréciaient. Ils ont même dit qu'ils aiment mon sens de l'humour (mon mari est surpris) et mes anecdotes (mon mari ne me croit pas, hihi). Il y en a même un qui m'a remercié d'avoir continué à travailler fort à travers ma grossesse car ça n'a pas dû être facile (fera-t-il un époux idéal dans le futur ou quoi?).

Un courriel envoyé par une élève, qui était absente ce jour là, m'a mis les larmes aux yeux en soirée. Sans la nommer, je vous affiche son courriel (avec ses erreurs, c'est plus authentique) :

Mme Goulet je voulait juste dire que je m'excuse pour ne pas être la aujourd'hui pour te dire au revoir et te souhaiter une bonne chance avec ta nouvelle fille qui va venir bientôt! Donc, Mme merci pour m'aider avec mes devoirs et projets (même si c'est ton emploie) juste pour être là sa l'aide beaucoup. Encore une fois, je te souhaite bonne chance et merci. J'espere te voir encore a la fin de l'année mais cette fois avec ta petite fille.Merci

Ces derniers jours à l'école ont donc été très révélateurs pour moi. Après sept années en salle de classe, je réalise que je suis une enseignante accomplie qui est appréciée par ses élèves et ses collègues. C'est donc sur une note positive que j'ai fermé la porte de ma salle de classe pour marcher (lentement je dois dire) vers cette nouvelle aventure de ma vie : être maman.

Mais, évidemment, je serai de retour. On me dit que l'année passera vite et d'en profiter.

D'ici là, vous pourrez me trouver sur ce blogue.


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