Comment rendre la grammaire plus accessible au secondaire


Ce texte a été rédigé par notre blogueuse invitée, Nathalie Brunette, enseignante au secondaire

Enseigner la grammaire afin que les élèves mettent les notions apprises en application dans leurs écrits n’est pas évident. Je vous partage ici mon plan d’enseignement afin de rendre la grammaire plus accessible aux élèves du secondaire.

Comme pour plusieurs enseignants de français, l’enseignement de la grammaire demeure un grand défi pour moi. Je veux que l’apprentissage de la grammaire semble possible aux yeux de mes élèves qui m’arrivent avec toutes sortes d’idées préconçues sur ce qu’est la grammaire (un exercice de torture) et un grand manque de confiance en leur capacité d’apprendre à bien écrire («Madame, je suis juste pas bon!»).

Comment montrer aux élèves que la langue est un système qu’ils connaissent déjà (puisqu’ils comprennent le français et le parlent) et qu’en prenant conscience de son fonctionnement, ils pourront mieux l’exploiter lorsqu’ils écriront? Je me suis fixé trois objectifs pour répondre à cette question.

3 objectifs pour rendre la grammaire plus accessible aux élèves

  1. Enseigner le «bon langage» relatif à la langue, appelé métalangage, pour outiller les élèves et les amener à discuter du fonctionnement de la langue française. Par exemple, parler de manipulations syntaxiques plutôt que de «trucs» et prendre le temps de définir tous les termes que j’utilise pour parler de la grammaire (fonction, classe, accord, conjugaison, donneur/receveur, etc.).
  2. Enseigner tous les concepts à partir de deux notions de base : les classes de mots et la phrase de base pour amener les élèves à faire des liens entre les conventions grammaticales et syntaxiques. Par exemple, l’enseignement de la virgule se ferait donc à plusieurs moments (avec le complément de phrase, avec les compléments du verbe et du nom, etc.).
  3. Enseigner les concepts de grammaire dans un contexte d’écriture pertinent qui permet à l’élève d’en observer des occurrences dans de vrais textes et de l’utiliser dans ses propres écrits.

Essentiellement, je me suis donné l’objectif d’enseigner davantage selon les méthodes proposées par la grammaire pédagogique alors que jusqu’à présent, je me limitais à enseigner le contenu de cette nouvelle grammaire avec les anciennes méthodes.

Plan d’enseignement grammatical en 3 étapes

Étape 1 : Choisir le texte à l’étude dans lequel sera intégré l’enseignement de la grammaire

L’unité dans laquelle je crois avoir le mieux réussi ces objectifs est celle sur la nouvelle journalistique, enseignée en neuvième année théorique (élèves de 14 ans, cours avancé).

Étape 2 : Cibler les notions grammaticales à enseigner

J’ai intégré l’enseignement de l’accord du participe passé. Les notions requises pour comprendre ces accords avaient déjà été enseignées (la base de la conjugaison et l’accord du verbe, la fonction de l’attribut et du complément direct). Il restait à enseigner :
  • la notion du temps composé
  • la notion de l’auxiliaire
  • les règles d’accord du participe passé

Étape 3 : Établir les leçons et choisir les activités pédagogiques

J’ai enseigné le tout au fil de courtes leçons qui étaient accompagnées d’activités pédagogiques. J’espérais que les élèves comprennent plus concrètement ces accords étant donné qu’ils s’en servaient à mesure que je les enseignais. Les activités que j’ai utilisées sont les suivantes :
  • la dictée du jour (l’analyse de la phrase dictée variant selon la leçon)
  • la lecture de nouvelles journalistiques dans lesquelles nous observions les verbes conjugués aux temps composés
  • des activités de rédaction de nouvelles

Mes constats :
  • Les élèves se sont appropriés le métalangage sur la langue et l’ont utilisé pour discuter et collaborer durant les activités en salle de classe tout au long du semestre. 
  • Certains élèves plus faibles ont commencé à prendre plus de risques en classe en répondant à des questions, en écrivant leurs réponses au tableau, et en aidant les autres. 
  • Les élèves ont beaucoup apprécié les petites leçons de grammaire. Ils se sentaient moins intimidés par ce qu’ils avaient à apprendre étant donné qu’on avançait «un pas à la fois» et que cela leur donnait plus d’occasions pour poser des questions précises sur la langue.
  • J’ai manqué de temps durant l’unité et je n’ai pas pu faire autant d’activités formatives que j’aurais voulu. La prochaine fois, j'essaierai d’allouer un peu plus de temps pour cela. 
  • L’évaluation pour cette unité était une tâche écrite en salle de classe (comme un test). La pression du temps lors de l’évaluation a fait en sorte que les élèves n’ont pas tous pris le temps de bien relire leur texte, donc l’accord du participe passé ne semble pas avoir été maîtrisé par autant d’élèves que j’aurais voulu. Je voudrais réessayer l’unité avec une tâche ayant un échéancier qui permet de travailler davantage la révision de texte en salle de classe. 

Bref, j’ai encore du chemin à faire pour atteindre mes objectifs, mais je vois déjà le fruit que les changements ont commencé à produire, donc je suis quand même fière du travail accompli.


Nathalie Brunette est une enseignante de français qui travaille dans une école secondaire franco-ontarienne depuis 2010.  Une grande passionnée de la littérature et de la culture populaire, elle est toujours prête à partager ses découvertes de romans, de téléséries et de films avec tout le monde!  Elle s’intéresse beaucoup à la pédagogie, en particulier l’enseignement de stratégies de lecture et de prise de note, ainsi qu’à l’enseignement de la grammaire.  Elle espère que sa passion pour la langue française aura un impact positif sur chacun de ses élèves et les aidera à surmonter l’insécurité linguistique du milieu minoritaire.

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